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Thomas Heagle

Thomas Heagle,
Biographie et concept

Thomas Heagle, architecte décorateur d'intérieur basé à Paris

L’espace comme levier de l’être

C'est une vieille question, vieille comme le cœur des hommes : que peut le beau ? Par sa pratique, Thomas Heagle y répond. Rien. Seul, l’agrément visuel ne peut rien. Flatter l’œil ne saurait suffire pour atteindre l’âme. En revanche, les puissances d’une beauté animée, d’une beauté vibrante, sont illimitées. Une science du beau ? Et pourquoi pas ?

De cette intuition viendront toutes sortes de formations, de la décoration à l’ergonomie, en passant par l’art thérapie ou le Feng Shui. Autant de langages techniques qui, bien maîtrisés, permirent d’inventer et de réinventer pour pour faire du lieu un prolongement sensible de soi.

Sept années passées en entreprise affinèrent ensuite le regard. Le geste gagna en justesse, les intentions en clarté. Une question néanmoins demeurait : comment passer du décor à la vie ? Il y fallait la vibrance.

Voilà quatorze ans que Thomas Heagle compose des scènes d’intérieur selon des mélodies vibratoires qui lient les choses aux gens. Chaque élément répond, résonne, s’agence. Pour les particuliers, ce sont des lieux d’éclosion. Pour les professionnels, des identités qui se déploient en récits palpables et en élans commerciaux. Sous des formes singulières, c’est le même enjeu qui revient : faire de l’espace un levier pour l’être. Une interface entre soi et soi.

Le concept de vibrance

En architecture d’intérieur, l’erreur typique consiste à se chercher dans l’objet décoratif. On lui prête alors d’impossibles vertus, on emprunte une identité fictive dans l’environnement prestigieux. Ainsi va la beauté creuse, impersonnelle, où chacun se voit et se vit interchangeable.

Or les ressources vitales ne sont pas extérieures. Jamais. Elles traversent. Elles traversent la matière. Entre le soyeux de la peau et le grain brut d’une charpente, il y a une différence de degré, pas de nature. Ce qui vit, ce qui vibre, parcourt la chair du monde et l’unifie comme une trame. Une totalité. C’est l’élan invisible qui relie le dedans au dehors.

La vibrance, précisément, rappelle à chacun qu’il est pris dans « le tissu du monde ». Il y a continuité entre l’individu, le mur et la couleur. Nos corps sont à la fois distincts des objets environnants et confondus avec eux. Leur lien ? Une cohérence. Un prolongement de l’un par l’autre.

L’espace vibrant est un espace total.

Naissance d’un regard

La vie débutante est toujours ouverte à ce qui vibre. L'expérience y est mosaïque. Tout a valeur d’enchantement, en particulier lorsque, comme Thomas Heagle, on a connu une enfance sculptée par l’itinérance. Les cultures sont autant d'univers. L'imagination y puise et s'y forge. C'est ici, sans doute, que l'artiste naît. Si l'enfant a pu croire que tout est possible, l'adulte s’est donné les moyens de transformer l’émerveillement en exigence.

« J'ai douze ans. Mes grands-parents semblent “éteints”, mais l'âge n'est pas en cause. Malgré le confort de notre chalet à Chamonix, je les sens vidés, absents d’eux-mêmes. Aucune envie, aucune vitalité. Quelques jours plus tard, ils m'entraînent dans leur villa de Cocody, à Abidjan. Ce qui me frappe alors, au-delà des contrastes culturels, par-delà les lumières ou les saveurs, c'est la transfiguration de mes grands-parents. Soudainement, ils revivent. Ils revivent littéralement ».

Malgré son jeune âge, la conclusion est immédiate : les lieux exercent des influences déterminantes. Si les règles de ce phénomène lui échappent, elles n'en sont pas moins agissantes.

Ici, il se passe quelque chose.
Les intérieurs ont des pouvoirs.

Saisir ce qui vibre

Progressivement, cette découverte se fera conviction, puis moteur pour l’action. Thomas Heagle poursuit ses études secondaires en France, en Afrique et en Angleterre. Parallèlement, il se passionne pour toutes sortes de sciences et techniques. Saisir ce qui vibre, au sens propre comme au figuré, suppose d’ouvrir le champ des intérêts. Nulle vérité, seulement ce qui s’éprouve. Le réel est une chose, son expérience en est une autre.

« La beauté froide est sans pouvoir. J’ai eu la chance d’évoluer dans des cocons de luxe : les gens qui les peuplent ne sont pas nécessairement heureux. Loin de là ».

- Thomas Heagle

Comprendre avant de faire. Explorer. Se frotter à la multiplicité. Saisir, autant que possible, ce qui se joue ici ou là, dans telle ambiance, telle impression. Sans conteste, les lieux et modes de vies font la sève du quotidien. Ils sont le terrain discret, mais agissant, des émotions. Dans l’équation du bien-être, il est facteur environnemental qui relève de la composition. Sans doute le sens profond de l’architecture d’intérieur est-il ici. D’une part, une esthétique prévisible, une sophistication de façade qui enferme plus qu’elle n’élève. D’autre part, le luxe en son sens noble, l’articulation secrète des lieux, des êtres et des moments. Une volupté rare et exigeante. Là est l’enjeu.

Les outils sensibles de la vibrance

La vibrance se révèle, s’exalte et prend son essor. Elle naît d’une compréhension de ceux qui habitent, de ceux qui arpentent, et d’une attention pour le lieu, ses silences, ses tensions, ce qu’il appelle ou retient. Ainsi vient la méthode : que chaque ligne, chaque matière, chaque résonance visuelle ou tactile participe d’une transfiguration intérieure.

Il doit se passer quelque chose.

Les couleurs sont creusées, comme on cherche la note juste. Les matières se répondent à travers des jeux de densité, de texture, de mémoire. Les styles s’articulent et se surprennent. Tout dialogue, tout vibre. L’espace est une peau vivante.

Les jeux de profondeur en trompe-l’œil et les aventures de la lumière lèvent des ambiances : exaltantes au matin, contemplatives le soir. L’émotion circule. Ce que l’on voit, ce que l’on touche et ce que l’on sent s’accordent en harmonie vibratoire.

Mettre en résonance les êtres et les lieux,par un jeu synesthésique des sensations.

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